Soit
, et soit
la distribution
régulière associée. Soit
la distribution
régulière associée à
. On a alors pour tout
où le terme tout intégré dans l'intégration par parties est nul car
On vient de voir que la dérivée de la distribution régulière associée à une fonction coïncide avec la distribution régulière de la dérivée de cette fonction. Qu'en est-il lorsque n'est plus régulière ? supposons par exemple que soit continûment différentiable, sauf en un point où elle admet une discontinuité de première espèce (c'est à dire que les limites à droite et à gauche de en existent, mais diffèrent). On notera
Calculons alors
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(5.13) |
Cette fonction admet une discontinuité en tous les points entiers. Elle est localement intégrable, et définit donc une distribution régulière. Sa dérivée au sens des distributions vaut
Similairement, la fonction ``dents de scie'' admet comme dérivée au sens des distributions la fonction .
Dans d'autres situations, la dérivée d'une distribution régulière peut prendre une forme plus complexe. C'est le cas de la partie principale, que nous allons étudier plus en détails un peu plus bas.
Auparavant, notons la propriété importante suivante, qui généralise
au cas des distributions une propriété utile dans le cas des fonctions.
Preuve: pour toute
, on a
ce qui démontre la proposition.
Calculons, pour
Le point
et on calcule, par exemple
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(5.14) |
Il s'agit d'une distribution non régulière (ce qui montre au passage que la dérivée d'une distribution régulière n'est pas nécessairement régulière).
Un calcul similaire permet de montrer que la dérivée de la partie principale est une autre distribution non régulière, appelée partie finie de (dûe aussi à Hadamard), donnée par
Comme on l'a signalé, la dérivation des distributions régulières associées aux fonctions de classe coïncide avec la notion usuelle: soit . On voit facilement, par intégrations par parties, que dans ce cas
(5.15) |
Calculons par exemple, pour
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on retrouve ainsi la distribution de Dirac ``ponctuelle'' à l'origine.
de sorte que
la distribution de Dirac associée au plan d'équation
On va maintenant s'intéresser de plus près aux cas bi et tridimensionnels.
Cette courbe définit une surface fermée
La dérivée en tous points de
permet de définir un
vecteur tangent à la courbe en tous points; on note
la tangente
à la courbe, normalisée de sorte que
:
Dans le plan, la tangente suffit à définir le vecteur normal à la courbe, noté , que l'on choisit orienté vers l'extérieur.
Soit maintenant
, telle que
soit continûment différentiable partout sauf sur
,
où elle admet une discontinuité de première espèce. On notera,
pour
où est la limite de quand par l'extérieur, et une définition similaire pour .
Considérons par exemple la dérivation partielle par rapport
à la coordonnée
, et étudions ce qui se passe
le long d'une droite d'ordonnée
.
Lorsque cette droite n'intersecte pas le domaine
,
la dérivée au sens des distributions est égale à la dérivée
au sens des fonctions. Lorsqu'elle la droite d'ordonnée
(représentée en petits tirets sur la FIG.
)
intersecte
, on notera
et
les
abscisses respectives des deux points où elle intersecte
(on a choisi un exemple convexe, il n'y a donc
que deux points d'intersection).
Le long de cette droite,
est continûment différentiable
par rapport à
partout sauf en
et
.
Calculons pour tout
,
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Ce calcul ne fonctionne que dans le cas particulier d'une surface
convexe.
Plus généralement, on montre le théorème suivant
Pour une fonction localement intégrable vectorielle , notons la distribution régulière (vectorielle) correspondante.
On peut appliquer le théorème précédent au gradient
d'une distribution: étant donnée
,
continûment différentiable partout sauf sur
où elle admet une discontinuité de première
espèce, on a
(5.16) |
Un exemple de telle surface se trouve en FIG. .
Comme dans le cas bidimensionnel, la différentiabilité de la surface
permet de définir en tout point de la surface
non plus une tangente, mais un plan tangent,
caractérisé par les deux vecteurs unitaires
et une normale extérieure unitaire à la surface , perpendiculaire à et .
On définit la distribution de Dirac associée à la surface de la façon suivante: étant donnée ,
On peut alors montrer le résultat suivant:
Comme application, on peut s'intéresser aux trois opérateurs de dérivation classiques: gradient, divergence et rotationnel. Avec les mêmes notations que ci-dessus, le théorème peut s'écrire
(5.17) |
Soit maintenant une fonction vectorielle
où
pour
satisfont les
conditions ci-dessus. On note
la fonction
vectorielle décrivant les sauts des trois composantes de
sur le bord
.
Alors
(5.18) |
Supposons l'existence de densités de charge et de courant superficielles sur
ce qui en appliquant la règle d'or conduit à
La composante ``volumique'' de cette équation (c'est à dire ne faisant pas apparaître de distribution superficielle ) redonne l'équation de Maxwell précédente. Par contre, l'équation superficielle conduit à
c'est à dire à l'égalité des composantes tangentielles du champ électrique à la frontière du domaine.
De même, supposant l'existence d'une densité superficielle
de courant
sur
, et écrivant au sens
des distributions
ce qui en s'eparant la partie volumique de la partie superficielle, donne l'équation de Maxwell classique
ainsi que la condition de raccordement du champ magnétique à la frontière, c'est à dire la discontinuité des composantes tangentielles de :
Passons aux équations à la divergence, et supposons l'existence d'une densité superficielle de charge
on aboutit à l'équation classique pour la partie volumique
ainsi qu'à la condition de raccordement
qui spécifie donc la discontinuité de la composante normale de l'induction électrique. De même, en utilisant la dernière équation
on obtient la continuité de la composante normale de l'induction magnétique.
Ainsi, l'écriture des équations de Maxwell au sens des distributions permet d'unifier le traiteent des équations elles-mêmes et des conditions de raccordement.
Bruno Torresani 2007-06-26