Subsections
Le calcul des variations constitue une généralisation du problème
de l'optimisation à des fonctions dépendant non plus d'une ou
plusieurs variables réelles, mais aux ``fonctions de fonctions''
(on parle alors de fonctionnelles). Dans cette section, on décrit
assez rapidement les bases du calcul des variations, non seulement
dans sa formulation la plus usuelle, qui conduit à la mécanique
de Hamilton, mais aussi dans des cadres plus généraux.
Equations d'Euler-Lagrange
Le formalisme d'Euler-Lagrange étend l'approche précédente
au cas de fonctionnelles,
c'est à dire d'applications définies sur un espace de fonctions
à valeurs dans
(ou
)
c'est à dire d'applications associant une valeur numérique
à une ou plusieurs fonctions
, et l'on
recherche les fonctions qui minimisent cette fonctionnelle.
On part du cas simple d'une fonctionnelle
, dépendant
des valeurs d'une unique fonction recherchée
et sa dérivée
,
sous la forme
![$\displaystyle \Phi[f] = \int_{x_1}^{x_2} F(x,f(x),f'(x))\,dx\ .$](img89.png) |
(1.7) |
La variable
est appelée variable indépendante
, et les variables
sont les variables dépendantes.
Le problème posé est de trouver la fonction
telle que
le nombre
soit minimal (ou maximal), sous contrainte que les
valeurs de
aux bords
et
soient fixées.
Dans le cas de des fonctions de plusieurs variables,
rechercher les extrêma d'une fonction revient à chercher les points où
la dérivée s'annule. C'est cette notion qu'il nous faut généraliser
au cas des fonctionnelles. Nous allons rechercher les fonctions
telles que
ne varie pas lorsque l'on varie
de façon
infinitésimale, dans une ``direction'' quelconque.
Etudier les variations de
dans une ``direction''
(ici,
est
donc une fonction) donnée revient à étudier la quantité
(la variation)
On se limite aux fonctions
telles que
Un calcul formel montre que ceci revient à écrire
et une intégration par parties conduit à
On utilise ici la version unidimensionnalle du
Lemme fondamental du calcul variationnel
En prenant pour
l'intervalle
,
on en déduit alors le résultat principal:
EXEMPLE 1.5 La ligne droite:
Etant donné un chemin continu
reliant

à

, sa longueur s'écrit
c'est à dire

: pas de dépendance explicite
en

et

. L'équation d'Euler-Lagrange s'écrit donc
ce qui implique

pour tout

, i.e.

. On
retrouve donc bien une trajectoire rectiligne entre les
deux points.
Cet exemple était aussi intéressant car il s'agissait d'un cas où
la fonction
ne dépend pas explicitement de
, mais seulement
de
. Alors, l'équation d'Euler-Lagrange prend la forme plus
simple
Equation de Beltrami
Une autre situation dans laquelle les choses se simplifient
est celle où
ne dépend pas explicitement de
. Dans ce cas,
on peut écrire
L'équation d'Euler-Lagrange implique alors que
d'où
On en déduit l'équation de Beltrami
Ce résultat a souvent d'importantes implications lorsqu'il
s'applique à un contexte physique. Il traduit le fait que
lorsque la fonctionnelle à minimiser ne comporte pas de
dépendance explicite dans la variable
indépendante, alors il existe une quantité conservée
, ici
Par exemple, dans le cas de l'application à la mécanique
Hamiltonienne, nous verrons que lorsque le Lagrangien ne
dépend pas explicitement du temps (qui est alors
la variable indépendante), il existe une quantité
conservée, le Hamiltonien, qui
représente en fait l'énergie du système considéré.
Bruno Torresani
2007-06-26