Subsections
L'exemple le plus classique est celui de l'équation de la chaleur
(ou équation de Fourier)
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(3.22) |
où
est un paramètre, et
représente
le Laplacien en espace.
L'équation de la chaleur est utilisée dans de nombreux contextes,
par exemple pour décrire l'évolution d'un champ de temprérature
dans un espace donné, avec une condition initiale donnée.
Elle est également utilisée dans de nombreux autres contextes,
qui exhibent des comportements de type diffusif.
Comme on l'a vu, le Laplacien mesure la convexité d'une fonction.
Si
, alors
est inférieure à sa
moyenne sur un petit voisinage de
; alors
, ce qui
va faire augmenter la valeur de
. Inversement, si
, alors la valeur de
va diminuer.
Ce type d'équation a donc tendance à moyenner, ou ``lisser''
la solution au cours du temps.
Comme autre exemple d'équation parabolique, on peut notamment
mentionner l'équaqion de convection-diffusion, que l'on obtient en
ajoutant un terme de convection à l'équation de la chaleur
étant un vecteur (vitesse) fixé.
Les EDP de cette classe peuvent être considérées dans l'espace
tout entier, ou dans un domaine borné de l'espace, ce qui donne lieu
soit à des conditions au bord, soit des conditions aux limites
(dans ce cas on impose en général que la solution tende vers
zéro à l'infini). La variable temporelle est
en général prise dans
, et on complète le problème par
des conditions initiales.
Les conditions aux bords les plus faciles à exploiter sont comme
souvent les conditions de Dirichlet
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(3.23) |
étant un fonction fixée. Lorsque
, on parle de condition
au bord homogène.
Il arrive toutefois que les conditions aux bords portent
sur le flux, c'est à dire la dérivée normale de la solution
sur le bord. On parle alors de condition de Neumann
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(3.24) |
homogène si
.
Les conditions au bord mixtes apparaissent assez couramment,
notamment dans les problèmes de conduction de la chaleur,
pour lesquels la dérivée normale est proportionnelle
à la différence entre la valeur de la solution à l'intérieur
du domaine et sa valeur à l'extérieur.
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(3.25) |
Là encore, la condition au bord est homogène si
.
Le champ de température d'une barre conductrice de longueur
fixée, isolée latéralement, est décrit par l'équation
de la chaleur (ou équation de Fourier)
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(3.26) |
à laquelle on ajoute
une condition initiale
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(3.27) |
étant une fonction fixée, et des conditions aux bords,
par exemple de type Dirichlet, Neumann ou Robin.
On recherche en général des solutions par la méthode de
séparation des variables, c'est à dire sous la forme
Sous cette forme, on se ramène alors à une équation de la forme
où encore
étant une constante de séparation, a priori complexe.
L'équation temporelle conduit directement à
ce qui force
si on se limite à des solutions
bornées. Pour ce qui est de l'équation spatiale
elle conduit à des solutions de la forme
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(3.28) |
Pour aller plus loin, il faut imposer les conditions aux bords.
On se limitera ici aux daux types de conditions aux bords
les plus courantes, c'est à dire les conditions de Dirichlet
et les conditions mixtes de Robin.
On impose les deux conditions
Ceci correspond à une situation physique décrite dans la
figure
: une barre conductrice de
la chaleur, dont les deux extrémités sont maintenues à
température nulle par un thermostat, et isolée latéralement.
Figure:
Barre conductrice, isolée latéralement, dont les
deux extrêmités sont à température nulle.
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Cette condition au bord conduit à
La première équation donne
, et la seconde conduit à
Si on évite la solution nulle, ceci implique que les seules
solutions pour
sont de la forme
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(3.29) |
On obtient donc des solutions à variables séparées de la forme
et plus généralement, l'équation et les conditions aux bords
étant homogènes, une solution générale
La dernière étape consiste à trouver les valeurs des constantes
. On utilise pour cela la condition initiale, qui prend donc la
forme
Restent à trouver les constantes
. Pour cela, remarquons que
Par conséquent, les coefficients
du développement de la
solution s'expriment directement à partir de la condition initiale,
et on a
La manière dont on a retrouvé les coefficients
peut sembler
un peu arbitraire. En fait, elle provient du résultat suivant, qui
suggère donc le calcul fait pour retrouver les
:
REMARQUE 3.2 Il est utile de revenir en arrière et retracer l'origine de cette base de
fonctions. Nous les avons obtenues comme solutions du problème de type
Sturm Liouville
en imposant des conditions au bord particulières. Or nous avons vu
au chapitre
![[*]](crossref.png)
que ces problèmes de Sturm-Liouville
fournissent des bases orthonormées d'espaces de Hilbert adaptés
aux conditions aux bords choisies. Le lemme ci-dessus se place
donc précisément dans ce cadre.
On considère maintenant le cas des conditions aux bords mixtes.
Ce choix se justifie par des considérations physiques. En effet,
la loi de Newton précise que le flux de température à l'interface
entre deux milieux est proportionnel à la différence de température
entre ces deux milieux. De plus, la loi de Fourier spécifie que ce
flux est également proportionnel à la valeur du gradient de
température à l'interface.
On considère ici la situation décrite dans la
figure
, d'une barre conductrice isolée
latéralement, dont le côté gauche est maintenu à température
nulle, et le droit est en contact avec un milieu se trouvant lui aussi à
température nulle.
Figure:
Barre conductrice, isolée latéralement, dont
l'extrêmité gauche est maintenue à température nulle,
et la droite se trouve en contact avec un milieu à température nulle
|
Le calcul de la solution générale est le même que plus haut,
jusqu'à l'équation (
). On doit maintenant
utiliser la condition au bord, que l'on doit cette fois choisir
de type Dirichlet à gauche, et mixte à droite
La première condition implique comme précédemment
, d'où des
solutions de la forme
Comme précédemment, les valeurs possibles de
sont
déterminées par la seconde condition au bord, à savoir
d'où les valeurs possibles de
sont les solutions de
l'équation
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(3.30) |
équation qui doit être résolue numériquement. On peut toutefois
voir que les solutions
sont les points d'intersection de
la droite
(en rouge) avec la courbe
(en bleu) dans la figure
. Les valeurs admissibles
de
forment donc un ensemble discret
.
Figure:
Valeurs propres pour l'équation de la chaleur
avec condition au bord mixte: les valeurs de
sont
les intersections des deux courbes.
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La solution générale du problème considéré
est donc de la forme
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(3.31) |
(le cas
ne contribue pas), les coefficients
restant à déterminer via la condition initiale. On va pour cela
utiliser le lemme suivant
Preuve:
Calculons
d'où il s'ensuit que l'intégrale est nulle pour
.
Pour ce qui est de l'orthogonalité, il suffit de remarquer que
ce qui conclut la preuve.
Dans le cas où l'équation considérée est inhomogène,
il est encore possible d'utiliser des techniques telles que celle
que nous venons de voir. Par exemple, prenons le cas de l'équation
de la chaleur inhomogène
étant une fonction fixée, jouant le rôle
de ``source de chaleur'', avec condition au bord de Dirichlet.
On peut alors utiliser la base de Sturm-Liouville
pour décomposer le terme source
et de là développer un calcul similaire au précédent.
Bruno Torresani
2007-06-26